Refusé de prépa à 16 ans, malgré un parcours hors norme : l’histoire de Samuel, un surdoué qui croyait tutoyer les étoiles… et se retrouve sous le plafond de Parcoursup.

Un lycéen pas comme les autres

À 16 ans à peine, Samuel pouvait se targuer d’avoir terminé le manuel de première année de maths sup alors que ses camarades découvraient encore les joies du théorème de Pythagore… et les galères du confinement. Mais là où beaucoup voyaient une interruption, lui y vit une opportunité en or. « La pandémie m’a permis de prendre de l’avance sur le programme. C’était génial de pouvoir travailler à mon rythme », confie-t-il, sourire éclatant à l’appui.

Elève de terminale au lycée Carnot, dans le XVIIe arrondissement de Paris, Samuel n’a rien d’un lycéen lambda. Il rêve de Polytechnique. Son but ? Plonger tête la première dans la recherche en mathématiques fondamentales. Bref, le genre de projet où beaucoup peinent à prononcer le nom avant la majorité !

Les rêves s’évaporent, la machine Parcoursup tranche

Mais le 28 mai, patatras. Les premiers résultats de Parcoursup tombent comme une douche froide. Samuel, qui s’imaginait déjà en prépa à Stanislas, voit tous ses vœux recalés. Pire, même sur la liste d’attente de la prestigieuse prépa du lycée Charlemagne, il se trouve si loin qu’il n’a aucune chance sérieuse d’intégrer l’établissement. Comme un coup de massue pour cet élève à l’intelligence hors norme… et pour son père, qui ne décolère pas.

  • Travailleur acharné, Samuel excelle en mathématiques, mais aussi aux échecs.
  • Il joue du piano depuis qu’il a trois ans.
  • Diagnostiqué HPI (haut potentiel intellectuel) en seconde avec un QI de 152, il a sauté la classe de première grâce à la référente HPI du rectorat de Paris.

Sa scolarité accélérée ? « Je m’ennuyais trop. Je connaissais tout le programme. Aller au lycée n’avait plus d’intérêt », explique-t-il avec la fraîcheur de ceux qui préfèrent l’action à la répétition. La psychologue qui l’a suivi parle d’une « très puissante mémoire » et d’une « forte puissance de calcul ».

Une sélection impitoyable… ou absurde ?

Malgré son parcours impressionnant et un bulletin solide (3e de sa classe en maths expert avec 18,5/20 de moyenne, 9e en spécialité maths avec 15/20, 15/20 en philosophie qu’il affectionne particulièrement), le couperet est tombé. Son père, à la fois abattu et perplexe, résume la situation : « C’est du gâchis. »

Des conseils ? Certains lui suggèrent l’université, mais à 16 ans (avec deux ans d’avance), l’aventure semble précoce et risquée. Pour son père, l’encadrement manque cruellement à cet âge. « Ayant sauté une classe, il lui manque les bulletins de première. Je pense que c’est ce qui lui a porté préjudice », analyse-t-il, cherchant désespérément une explication rationnelle à l’irrationnel de l’algorithme.

  • Elève brillant, il est plus attiré par les mathématiques post-bac que par celles enseignées en terminale.
  • Ses professeurs le soutiennent à coup de lettres de recommandation dithyrambiques.

Hervé Garcin, son professeur de maths, ne tarit pas d’éloges : « C’est un élève brillant qui s’intéresse beaucoup aux mathématiques, mais plus à celles de l’après-bac qu’à celles que nous faisons en terminale. » Pour lui, la seule question n’est même pas de savoir si Samuel réussira à Polytechnique, mais « s’il sera dans les dix premiers… » Tout est dit !

Le professeur de philosophie, séduit par la maturité de Samuel (peu banale à son âge), est tout aussi enthousiaste dans sa lettre de recommandation. Mais rien n’y fait. Rien ne vient infléchir le verdict.

Un algorithme ou un mur ?

Pour Samuel, l’explication est limpide : « J’ai l’impression que c’est un logiciel qui a classé les dossiers. » Et derrière cette phrase, tout un système qui, faute d’adaptations aux profils atypiques, laisse certains talents sur le bord du chemin.

À l’heure où la quête de « l’excellence » est un mantra institutionnel, cette histoire de gâchis interroge : comment peut-on se retrouver recalé partout avec un tel parcours ? Peut-être serait-il temps de réfléchir… et de laisser un peu plus de place au génie, même s’il ne coche pas toutes les cases attendues par la machine !

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